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Eliot Hyvert
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Eliot Hyvert
Fils

Eliot, qui es-tu ?  Quel est le lien avec la personne que tu as accompagnée ?

 

Je m’appelle Eliot, j’ai vingt ans, je suis étudiant et j’ai accompagné ma mère pendant 5 ans d’un cancer du pancréas et du foie.

Qu’as-tu ressenti lorsque la maladie t’a été annoncée ?

Quand la maladie m’a été annoncée j’avais 13 ans, c’était il y a longtemps… Je me souviens avoir ressenti un électrochoc mais on a tous pris la nouvelle assez rationnellement. Même si j’ai mis du temps à réaliser. L’entourage familial est très important dans ces moment-là. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir m’entourer de mes trois grandes sœurs, de mon père, de ma mère, et de tout le monde autour pour cette épreuve… Je me suis beaucoup appuyé sur ma famille pour vivre cette expérience.

 

Comment as-tu géré tes émotions sur l’instant et dans le temps ?

 

Je pense que j’ai tout pris… Je me suis dit « c’est là », on ne va pas chercher une excuse autre part et essayer de trouver une solution. Dans l’immédiat de toute façon ce n’est pas moi qui vais apporter la solution. Alors j’ai juste pris la chose comme elle est venue et j’ai essayé de donner le meilleur de moi-même, d’accompagner ma mère et notre famille. Donc j’ai pris ça pacifiquement, pas énervé, car ma mère m’a toujours appris à ne pas être énervé contre ce genre de chose car tu ne peux rien y faire au final. Juste essayer d’être le plus présent possible, tout en vivant ma vie… Parce que c’est quand même hyper important de savoir qu’il y a ça, que j'avais ma vie à côté et que j’avais quand même envie d’avancer. C’est trouver un juste milieu entre beaucoup d’aide et beaucoup de liberté.

 

Comment as-tu envisagé le quotidien de la maladie ?

 

Assez vite, je me suis retrouvé tout seul à la maison avec mon père qui continuait à travailler, même s’il travaillait de moins en moins, mes trois grandes sœurs étaient parties. Donc oui, j’ai eu un rapport assez spécial avec ma maman au quotidien… J’ai continué à vivre avec des hauts et des bas, avec des soirs où je restais avec elle et des soirs où je sortais avec mes amis car maman allait mieux et qu’elle était très bien entourée … C’était un juste milieu dans mon quotidien.

 

Et quelle relation, quels types d’échanges as-tu développé avec ta Maman ?

 

J’ai toujours été très proche de ma mère. C’était différent. Et si j’ai vu Maman évolué pendant ces 5 ans, notre relation n’a pas changé. Certains jours je la voyais très bien, d’autres jours je la voyais moins bien. On apprend juste à plus profiter quand ça va bien. Quand je la voyais moins bien, on se disait qu’il y aurait un moment où ça irait forcément mieux. Il y a des hauts et des bas, comme elle aimait le dire.

 

T’es-tu un peu protégé de la douleur au quotidien ? Comment as-tu réussi ?

 

C’est important de savoir se protéger, de ne pas se mettre à 100% dans la maladie. Parce qu’il y a d’autres personnes qui sont là pour ça. C’était la maladie de ma mère, pas la mienne. Donc pour moi c’était important de continuer à vivre sa vie.

 

As-tu des « trucs » à partager ?

 

Je suis allé voir un psychologue pendant assez longtemps, ça m’a beaucoup aidé. Franchement quand on arrive à créer un lien avec une psy comme la mienne, c’est très bénéfique je trouve. C’est aussi savoir prendre sur soi quand ça ne va pas bien, car ça ira forcement mieux à un autre moment. Je me protégeais en n’y pensant pas toutes les minutes, toutes les secondes et en partant quand même en vacances avec mes potes. En gardant une partie du quotidien «habituel», même si c’est important de ne pas se voiler la face !

 

Quels conseils aimerais-tu donner aux personnes qui comme toi découvrent et accompagnent leur mère malade, jusqu’à la fin de sa vie ?

 

Il ne faut surtout pas se braquer ni se voiler la face. Ni se demander pourquoi la maladie, ou pourquoi est-ce tombé sur nous ? C’est là, c’est tout. Il faut juste apprendre à vivre. C’est un vrai chemin de vie, il y aura des grands hauts, des grands bas et quand il y a des bas, se rappeler qu’il y aura des hauts. Mon conseil, serait de savoir s’entourer, savoir en parler avec les personnes concernées mais aussi à l’extérieur. S’autoriser à relâcher, à rester en dehors et continuer à vivre sa vie. Dans la maladie de ma mère que j’ai accompagnée jusqu’à la fin, jamais je n’ai pensé qu’elle allait décéder. Je vivais le moment présent.

Maïlys V.
Sœur
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